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Là où il y a trop de moi, il y a peu de Dieu

Dernière mise à jour : 28 oct. 2022

PAPE FRANÇOIS

L’Évangile de la liturgie d’aujourd’hui nous présente une parabole qui met en scène deux protagonistes, un pharisien et un publicain (cf. Lc 18, 9-14), c’est-à-dire un homme religieux et un pécheur déclaré. Tous deux montent au Temple pour prier, mais seul le publicain s’élève véritablement vers Dieu, parce qu’il descend humblement dans la vérité de lui-même et se présente tel qu’il est, sans masque, avec sa pauvreté. Nous pourrions alors dire que la parabole est comprise entre deux mouvements, exprimés par deux verbes : monter et descendre.


Le premier mouvement est monter. En effet, le texte commence en disant : « Deux hommes montèrent au Temple pour prier » (v. 10). Cet aspect rappelle de nombreux épisodes de la Bible, où pour rencontrer le Seigneur, on monte vers la montagne de sa présence : Abraham monte sur la montagne pour offrir le sacrifice ; Moïse monte sur le Sinaï pour recevoir les commandements ; Jésus monte sur la montagne, où il est transfiguré. Monter exprime donc le besoin du cœur de se détacher d’une vie plate pour aller à la rencontre du Seigneur ; de s’élever des plaines de notre moi pour monter vers Dieu — se libérer de son moi — ; de rassembler ce que nous vivons dans la vallée pour le présenter devant le Seigneur. C'est ce que signifie « monter », et lorsque nous prions, nous montons.


Mais pour vivre la rencontre avec Lui et être transformés par la prière, pour nous élever vers Dieu, il faut le deuxième mouvement : descendre. Pourquoi ? Qu’est-ce que cela signifie ? Pour monter vers Lui, nous devons descendre en nous : cultiver la sincérité et l’humilité du cœur, qui nous donnent un regard honnête sur nos fragilités et nos pauvretés intérieures. Dans l’humilité, en effet, nous devenons capables de porter à Dieu, sans faux-semblants, ce que nous sommes vraiment, les limites et les blessures, les péchés, les misères qui pèsent sur nos cœurs, et d’invoquer sa miséricorde pour qu’il nous guérisse, nous relève. C'est Lui qui nous relèvera, pas nous. Plus nous descendons dans l’humilité, plus Dieu nous élève.


En effet, le publicain de la parabole se tient humblement à distance (cf. v. 13) — il ne s’approche pas, il a honte —, il demande pardon, et le Seigneur le relève. Au contraire, le pharisien se glorifie, sûr de lui, convaincu qu’il est parfait : debout, il commence à ne parler au Seigneur que de lui-même, à se louer, à énumérer toutes les bonnes œuvres religieuses qu’il accomplit, et il méprise les autres : « Je ne suis pas comme celui-là... » Parce que c’est de l’orgueil spirituel — « Mais, père, pourquoi nous parlez-vous de l’orgueil spirituel ?» Parce que nous risquons tous de tomber dans cela —. Il te porte à te croire bon et à juger les autres. C’est de l’orgueil spirituel : «Je suis bon, je suis meilleur que les autres: celui-ci a une chose, celui-là une autre...». Et ainsi, sans t’en apercevoir, tu adores ton moi et tu effaces ton Dieu. C’est tourner autour de soi. C’est une prière sans humilité.


Frères, sœurs, le pharisien et le publicain nous intéressent de près. En pensant à eux, regardons-nous nous-mêmes : vérifions si en nous, comme chez le pharisien, il y a « l’intime présomption d’être justes » (v. 9) qui nous conduit à mépriser les autres. Cela survient, par exemple, quand nous recherchons les compliments et que nous faisons la liste de nos mérites et de nos bonnes œuvres, quand nous nous préoccupons d’apparaître au lieu d’être, quand nous nous laissons prendre au piège du narcissisme et de l’exhibitionnisme. Faisons attention au narcissisme et à l’exhibitionnisme, fondés sur la vanité qui nous conduisent nous aussi, chrétiens, nous prêtres, nous évêques, à avoir toujours un mot sur les lèvres, quel mot ? « Moi » : « Moi j’ai fait cela, moi j’ai écrit cela, moi je l’avais dit, je l’avais compris avant vous », et ainsi de suite. Là où il y a trop de moi, il y a peu de Dieu. Chez nous, dans mon pays, on appelle ces personnes «je - suis avec moi - pour moi - seulement moi », c’est le nom de ces gens. Et un jour on parlait d’un prêtre qui était comme cela, centré sur lui-même, et les gens en plaisantant disaient : « Celui-là quand il encense, il fait le contraire, il s’encense lui-même ». Et ainsi, tu tombes aussi dans le ridicule.


Demandons l’intercession de la Très Sainte Vierge Marie, l’humble servante du Seigneur, image vivante de ce que le Seigneur aime accomplir, en renversant les puissants de leurs trônes et en élevant les humbles (cf. Lc 1, 52).



ANGELUS Place Saint-Pierre Dimanche 23 octobre 2022

Illustration : Icône représentant la parabole du pharisien et du publicain au monastère de Salva - Roumanie

 

Source : Site du Vatican



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